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Le développement durable en entreprise est profitable


Le temps où la profitabilité et l'écoconception n'allaient pas de pair semble révolu : les produits issus de ce mode de production offrent une marge bénéficiaire unitaire plus élevée de 12 %, en moyenne, par rapport aux produits traditionnels.

Et, dans 85 % des cas, la marge de profit des produits écoconçus est analogue (54 %) ou supérieure (30,3 %) à celle des produits fabriqués de façon traditionnelle.

C'est ce qu'ont révélé Sylvain Plouffe et ses collègues au 82e Congrès de l'Acfas, où ils ont rendu publics les résultats d'une analyse économique effectuée auprès d'une centaine d'entreprises de différentes tailles et de différents secteurs économiques.

« L'écoconception a un effet neutre ou positif sur les profits de 96 % des entreprises qui ont pris part à notre étude, en termes absolus, ce qui en fait une solution gagnant-gagnant pour les entreprises et la société », a soutenu M. Plouffe, professeur à l'École de design industriel de l'Université de Montréal.

L'écoconception de plus en plus répandue

L'écoconception est une démarche qui vise à intégrer des critères de développement durable dans la conception de biens, depuis la matière première jusqu'à la fin de vie du produit en passant par sa fabrication, sa distribution et son utilisation.

Une première étude de ce genre avait été menée par les mêmes chercheurs il y a cinq ans auprès de 30 entreprises en France et au Québec. Celle présentée au congrès de l'Acfas porte sur 119 entreprises : 49 sont situées en France, 44 au Québec et 26 dans le reste de l'Union européenne.

L'échantillon est composé à 27 % de très petites entreprises (de 1 à 10 employés), à 54 % de petites et moyennes entreprises (de 11 à 250 employés) et à 19 % de grandes entreprises (250 employés et plus). L'industrie manufacturière représente 62 % de l'échantillon, comparativement à 23 % pour les secteurs du commerce et des services.

« Nous constatons que la démarche d'écoconception est beaucoup plus répandue qu'en 2008, où nous avions peiné à trouver une trentaine d'entreprises qui en appliquaient les principes », a souligné Sylvain Plouffe.

Plusieurs facteurs influent sur la rentabilité de l'écoconception pour une entreprise, notamment sa taille. En effet, plus une entreprise est petite, plus l'effet du produit écoconçu est élevé sur la variation de la rentabilité. « Cela indique que le dynamisme et la flexibilité des PME leur permettent de mieux profiter des occasions d'affaires associées à l'écoconception », poursuit le professeur.

Marges bénéficiaires variables

Les chercheurs ont observé que la marge bénéficiaire d'un produit écoconçu en comparaison d'un produit traditionnel est identique ou positive dans 80 % des cas en France, tandis qu'elle ne l'est que dans 60 % des cas au Québec et dans l'Union européenne.

Cela découle en partie du fait que les entreprises québécoises sont celles qui ont une plus grande expérience de l'écoconception et que « les meilleures occasions de rentabilité ont peut-être déjà été saisies », avance M. Plouffe.

Autre élément d'explication : les entreprises québécoises utilisent moins d'outils méthodologiques formels que les entreprises françaises dans l'établissement de la démarche d'écoconception, et elles ont reçu moins d'aide extérieure pour les soutenir.

Un avantage concurrentiel indéniable

Selon Sylvain Plouffe et ses collègues, l'écoconception peut devenir un avantage concurrentiel indéniable pour les entreprises.

« Pour entamer une démarche d'écoconception rentable, il est important que le plus haut dirigeant soit convaincu de sa pertinence et qu'il envoie un signal clair à toutes les composantes de son entreprise afin que la démarche soit méthodique et systématique », insiste-t-il.

Martin LaSalle

 

Intitulée « La profitabilité de l'écoconception : une analyse économique », l'étude de Sylvain Plouffe et ses collègues est le fruit d'une collaboration France-Québec, rendue possible grâce au partenariat entre le Pôle Éco-conception et l'Institut de développement de produits. M. Plouffe s'est entouré de Paul Lanoie, professeur d'économie à HEC Montréal, et de Naciba Haned et Marie-France Vernier, enseignantes-chercheuses à l'Université catholique de Lyon.

Lire l'article sur UdeM Nouvelles