Soutenance de thèse de Amanda de Carvalho
(Re)production des frontières « invisibles » : Dynamiques urbaines et sociales dans un quartier de tours à Londrina, Brésil
Résumé :
Cette thèse explore l'impact de la construction en hauteur sur la ségrégation socio-spatiale, en prenant comme étude de cas le quartier de « Gleba Palhano » à Londrina, au Brésil. Elle examine comment la forme urbaine et les pratiques sociales des résidents au sein d’enclaves résidentielles composées de tours de copropriété contribuent à la (re)production de frontières sociales « invisibles ». L'hypothèse centrale est que les mécanismes de ségrégation à « Gleba Palhano » opèrent à trois échelles distinctes : externe (entre le quartier et ses voisins), interne (au sein du quartier) et intra-immeuble. La méthodologie adoptée repose sur une approche inductive de théorisation ancrée, combinant des entrevues semi-dirigées et des observations directes lors de l’étude de terrain. En s’appuyant sur des concepts théoriques, la thèse vise à comprendre la ville non seulement comme une entité physique, mais aussi comme un produit social dynamique. L’analyse des enclaves résidentielles fermées au Brésil met en lumière les enjeux liés à la privatisation de l’espace public, à la sécurité, à la recherche d'exclusivité sociale et aux inégalités croissantes dans un contexte d’urbanisation rapide. Les résultats montrent que la forme urbaine des tours de copropriété à « Gleba Palhano » joue un rôle clé dans la (re)production de frontières sociales invisibles. Trois dimensions principales de la ségrégation socio-spatiale ont été identifiées : la fragmentation du quartier, la privatisation des espaces publics et des lieux de socialisation, et la valeur symbolique associée au fait d’habiter ce quartier, perçue comme un marqueur de distinction sociale. Ces dimensions reflètent trois échelles de ségrégation socio-spatiale : à l'échelle externe, le quartier présente une faible interaction sociale avec les zones avoisinantes ; à l’échelle interne, une hiérarchisation sociale se manifeste selon la localisation et la qualité architecturale des immeubles ; et à l’échelle intra-immeuble, des distinctions sociales apparaissent entre les résidents des différents étages et le personnel de service, en raison notamment de la configuration des bâtiments, qui structure les interactions et l’accessibilité. Bien que le quartier de tours de copropriété donne l’apparence d’être ouvert, il fonctionne comme une enclave socialement fermée, renforçant ainsi les inégalités socio-spatiales. Ces résultats révèlent que la ségrégation à « Gleba Palhano » est un processus complexe et multidimensionnel, influencé par des facteurs sociaux, économiques et symboliques, appelant à des stratégies de planification urbaine visant à promouvoir une plus grande mixité et inclusion sociale.
Mots-clés : Ségrégation socio-spatiale, Construction en hauteur, Enclaves résidentielles, Tours de copropriété, Privatisation de l’espace public, Théorisation ancrée.
Jury :
SHIN KOSEKI, Président-rapporteur du jury- Professeur adjoint Faculté de l'aménagement - Urbanisme et Architecture de paysage
MICHEL GUENET, Directeur de recherche - Professeur agrégé - Faculté de l'aménagement - Urbanisme et Architecture de paysage
YANICK NOISEUX, Membre du jury - Professeur agrégé - Fac. des arts et des sciences - Dép. de sociologie
ALINA GONÇALVES SANTIAGO, Examinateur externe - Professeure Ph.D en geographie Universidade Federal de Santa Catarina. SC - Brasil
MICHEL MAX RAYNAUD, Représentant de la doyenne - Vice-doyen de la Faculté de l'aménagement - Professeur agrégé - Faculté de l'aménagement - Urbanisme et Architecture de paysage
Programme : 300510 PhD en aménagement
Date : 30 octobre 2025 à 14h
Lieu : Salle 1056 du Pavillon de l'aménagement