Ce projet de recherche-création étudie les campings gais d'Amérique du Nord. Si l'existence d'espaces LGBTQ+ est souvent associée, dans la culture populaire comme scientifique, aux "Villages gais" de grandes métropoles comme San Francisco ou Montréal, un éventail d'espaces queers en banlieue, en région ou en campagne existe bel et bien, quoique souvent invisibilisé. Les campings gais parsemés sur le territoire en font partie. Parfois des établissements permanents (le Domaine la Fierté à Sainte- Julienne, QC), des campements éphémères pour un festival (les sanctuaires des Radical Faeries) ou encore des destinations touristiques prises d'assaut l'été par des caravanes (Provincetown au Massachusetts), ces formes d'occupations du territoire par une communauté qu'on qualifie habituellement d'urbaine nous informent sur des géographies et des pratiques d'aménagement queers moins connues.

Le projet de recherche-création propose un inventaire de ces espaces par une documentation sur le terrain (mise en plan, relevé photographique et illustration de 5 à 10 sites) observant les qualités matérielles des lieux à plusieurs échelles : paysage, aménagement des sites, architecture permanente et éphémère et design des équipements et du vêtement. Cette documentation sera mise en relation avec des concepts de sociologie et géographie queer à l'oeuvre dans ces d'espaces. De fait, les campings gais sont des laboratoires de sociabilité queer, alors que des notions de non-mixité sexuelle et de genre, de santé et bien-être sexuels, de génération, de classe et de race sont liées à la façon dont ces espaces sont créés et habités. Ensuite rassemblée et narrée dans un atlas multimédia, la documentation fera émerger une compréhension nouvelle du terrain d'étude. Cette recherche-création nous informe donc sur des territoires laissés dans la marge, mais nous permet aussi de développer savoirs et savoir-faire pour une recherche-création queer en aménagement.

Ultimement, l'étude des espaces appropriés et habités par certaines communautés queers nous permettra de comprendre plus en profondeur comment les populations marginalisées vivent leurs relations à l'espace, autant public que privé.